Proust doit sa renommée surtout à sa Recherche du temps perdu qui est certainement l’un des piliers incontournables de la littérature française. Pourtant, Marcel a également tenté d’autres domaines dont la poésie qui reste très souvent marginalisée, tellement les yeux sont orientés vers son roman.
L’un des poèmes de Proust qui est, à mon sens, d’une beauté inexplicable est intitulé “Je contemple souvent le ciel de ma mémoire” que j’ai traduit comme suit :
گهگاه آسمان خاطره ام را نظاره می کنم
Il vaut mieux jeter un regard sur une partie de ce poème…
Je contemple souvent le ciel de ma mémoire
Le temps efface tout comme effacent les vagues
Les travaux des enfants sur le sable aplani
Nous oublierons ces mots si précis et si vagues
Derrière qui chacun nous sentions l’infini.
Le temps efface tout il n’éteint pas les yeux
Qu’ils soient d’opale ou d’étoile ou d’eau claire
Beaux comme dans le ciel ou chez un lapidaire
Ils brûleront pour nous d’un feu triste ou joyeux.
Les uns joyaux volés de leur écrin vivant
Jetteront dans mon coeur leurs durs reflets de pierre
Comme au jour où sertis, scellés dans la paupière
Ils luisaient d’un éclat précieux et décevant.
D’autres doux feux ravis encor par Prométhée
Étincelle d’amour qui brillait dans leurs yeux
Pour notre cher tourment nous l’avons emportée
Clartés trop pures ou bijoux trop précieux.
…
L’oubli comme une brume efface les visages
Les gestes adorés au divin autrefois,
Par qui nous fûmes fous, par qui nous fûmes sages
Charmes d’égarement et symboles de foi.
…